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  • Le temps est venu de repenser notre approche en ce qui concerne la consommation de drogues en milieu carcéral

    Le temps est venu de repenser notre approche en ce qui concerne la consommation de drogues en milieu carcéral

    Il s’agit du troisième d’une série de trois articles consacrés à l’importance d’envisager une réforme des politiques et programmes en vigueur dans les prisons canadiennes. Vous pouvez consulter le premier article ici et le deuxième article ici.

    Dans cette série d’articles, j’ai remis en cause l’efficacité des mesures de contrôle des stupéfiants en milieu carcéral et soulevé un certain nombre de questions en ce qui concernel’accès aux médicaments dans les établissements du Service correctionnel du Canada (SCC). Sous le gouvernement actuel, qui se veut déterminé à s’attaquer à la criminalité,la population carcérale augmente et la majorité des détenus déclare être aux prises avec des problèmes de toxicomanie. Face à cette réalité, il importe de se demander si les détenus font l’objet d’interventions, en matière de consommation de drogues, qui améliorent leur état de santé et leur bien-être, et facilitent leur réintégration dans la société ?

    Pour les personnes désireuses de réduire ou d’éliminer leur consommation d’alcool ou de drogues, les traitements de la toxicomanie peuvent avoir un impact positif. Au fil des années, le SCC a élaboré plusieurs programmes ciblant la consommation de drogues en milieu carcéral (p. ex. les programmes d’intensité moyenne et élevée) et déclare avoir enregistré des succès aussi bien en milieu institutionnel que suite à la libération. Les Lignes directrices nationales du SCC relatives à l’aiguillage vers les programmes correctionnels stipulent que les plans correctionnels doivent permettre aux prisonniers de participer ‘le plus tôt possible’ aux programmes de lutte contre la consommation abusive de drogues. Cependant, plusieurs détenus, y compris ceux aux prises avec de graves problèmes de toxicomanie, se retrouvent sur de longues listes d’attente.
    De nombreux obstacles s’opposent à la prestation efficace et en temps opportun de traitements contre la toxicomanie en milieu carcéral. Les prisons constituent, de par leur conception, un milieu difficile pour les programmes de réadaptation. Les gens ne s’y trouvent pas volontairement. Les impératifs de sécurité dictent les procédures opérationnelles (p. ex. l’isolement cellulaire), ainsi que l’attitude adoptée par le personnel correctionnel et les employés des programmes. Il y a considérablement plus d’argent alloué à l’infrastructure de sécurité qu’aux programmes, et le financement des programmes est davantage susceptible de subir des coupures budgétaires. Par exemple, l’ombudsman des Services correctionnels du Canada a notéque l’investissement dans le programme du SCC dans le traitement d’entretien de la méthadone, un traitement efficace de substitution aux opiacés, devait être réduit en 2014/15. Comme les populations carcérales continuent de croître et le financement public se raréfie, le surpeuplement qui en découle (p. ex. la double occupation des cellules, le manque d’espace pour les programmes) et les problèmes de ressources (p. ex. le manque de personnel qualifié pour satisfaire à la demande du programme) auront une incidence sur l’accessibilité et la qualité des programmes.

    Un autre aspect problématique est la hiérarchisation des candidats éligibles aux programmes de traitement de la toxicomanie. Les anciens membres du personnel correctionnel expliquent que la durée des peines et les dates d’admissibilité à la mise en liberté sont souvent utilisées pour déterminer qui aura d’abord accès aux programmes. Les individus purgeant des peines plus courtes (p. ex. quatre ans ou moins) voient s’accélérer le plan d’exécution de leur peine. Inversement, ceux qui purgent des peines plus longues, peu importe leurs antécédents personnels, sont parfois dépriorisés, ou ne sont retenus pour les programmes que plusieurs années plus tard. Cela aboutit à une situation incohérente. En outre, tout prisonnier présentant une demande de liberté conditionnelle sans avoir complété sa programmation désignée, est susceptible d’être jugé inadmissible ou sans fondement.

    L’absence d’accès en temps opportun aux traitements de la toxicomanie pourrait expliquer pourquoi certains détenus continuent à consommer de la drogue pendant leur incarcération. Les politiques de tolérance zéro dans les prisons fédérales rendent difficile l’institution de programmes de sensibilisation et de services de réduction des méfaits. J’ai déjà traité en détail des obstacles politiques et opérationnels, y compris la suppression d’éléments de preuve, qui empêchent la mise en oeuvre de certains programmes de réduction des méfaits, tels que les projets de tatouage sécuritaire et de distribution de seringues au Canada. De tels programmes ont vu le jour dans d’autres pays. Ici au Canada, des efforts plurilatéraux sont en cours pour renforcer l’appui apporté à la mise en oeuvre de programmes de distribution d’aiguilles et de seringues, en vue d’améliorer les services de santé offerts aux détenus.

    Il est essentiel de se rappeler que la plupart des détenus fédéraux sont éventuellement réintégrés à la collectivité. Pour les consommateurs de drogues, la période initiale suivant leur remise en liberté est reconnue comme un moment critique. Il est possible qu’ils réintègrent un réseau social qui encourage la consommation de drogues ou qu’ils recommencent à consommer des drogues qui augmentent leur risque de surdose. Au cours de cette période de transition, la continuité des soins (p. ex. l’établissement de liens entre les anciens détenus et les traitements communautaires de la toxicomanie et les services de réduction des méfaits) est un autre domaine auquel il faudrait apporter d’importantes améliorations. Aussi est-il d’autant plus important que les toxicomanes puissent bénéficier de programmes et de services de traitement de qualité qui les aident à accroître leur sécurité pendant leur incarcération. Si nous ne parvenons pas à relever ces défis, les mesures que nous prenons sont insuffisantes et arrivent trop tard.

  • Une situation douloureuse : L’accès aux médicaments en milieu carcéral

    Une situation douloureuse : L’accès aux médicaments en milieu carcéral

    Il s’agit du deuxième d’une série de trois articles consacrés à l’importance d’envisager une réforme des politiques et des programmes en vigueur dans les prisons fédérales canadiennes. Vous pouvez consulter le premier article ici.

    prescription-meds-sqLorsqu’il s’agit de médicaments en milieu carcéral, les agents correctionnels canadiens se préoccupent d’abord de ne pas laisser entrer les drogues illégales dans les prisons. Par conséquent, une attention insuffisante est accordée à la consommation et à l’accès, en milieu carcéral, aux médicaments psychotropes prescrits pour soigner les affections physiques ou mentales. Cette négligence crée des lacunes de connaissances ayant une incidence négative sur la santé et le bien-être des prisonniers. De plus amples études et une amélioration des politiques régissant l’accès des prisonniers aux médicaments s’imposent de toute urgence.

    Voici un aperçu du contexte : Les services de santé dans les prisons fédérales doivent être dispensés conformément à la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition qui stipule que chaque détenu recevra les « soins de santé essentiels » et aura un « accès raisonnable aux soins de santé mentale non essentiels » qui contribueront à sa réadaptation et au succès de sa réinsertion dans la collectivité. Le Service correctionnel du Canada (SCC) a instauré une Directive du Commissaire ainsi que plusieurs autres directives et procédures en ce qui concerne l’administration de médicaments, y compris un Formulaire national auquel toutes les prisons fédérales doivent se conformer. Le formulaire explique en détail aux médecins, pharmaciens, et personnel soignant, quels médicaments sont admissibles en milieu carcéral. Plusieurs médicaments psychotropes sont exclus du formulaire parce qu’ils présentent un risque élevé de mauvaise utilisation ou de détournement (p. ex. les détenus pourraient vendre leurs médicaments, ou être victimes d’intimidation de la part d’individus voulant acquérir leurs médicaments). Les substances psychoactives figurant au formulaire font l’objet de restrictions précises (p. ex., elles ne peuvent être prescrites que dans certaines circonstances, ne peuvent être administrées pendant plus d’une semaine, doivent être prises sous observation directe, etc…). En dépit des règles et règlements en vigueur, les employés d’organismes externes, ainsi que les anciens employés du SCC, signalent que des politiques plus claires et des pratiques améliorées s’imposent.

    Les individus admis dans le réseau carcéral sont généralement perturbés dès leur arrivée. Les médicaments qui leur étaient administrés lorsqu’ils faisaient partie de la collectivité leur sont refusés, totalement ou progressivement. Plusieurs facteurs, y compris le manque de communication entre les prestataires de soins de santé et le personnel de sécurité, le respect scrupuleux du formulaire, ou les changements apportés à ce dernier, peuvent contribuer à prolonger le délai qui s’écoulerait avant qu’un détenu puisse reprendre ou commencer un traitement. Il est clair qu’une telle situation provoque des répercussions sur la santé mentale et / ou physique d’un détenu.

    Les observateurs du système et les anciens employés du SCC relatent les expériences de détenus aux prises avec de graves symptômes psychologiques, auxquels des transfèrements ont été imposés avant qu’ils ne puissent recevoir les médicaments appropriés. Pour soulager la douleur, les praticiens exerçant en milieu carcéral éprouvent des difficultés lorsqu’il prescrivent les quelques médicaments contre la douleur figurant au formulaire. Dans certains cas, l’administration de médicaments contre la douleur, auxquels les détenus avaient accès pendant plusieurs années avant leur incarcération, est interrompue. Les détenus ont parfois la possibilité de consulter des spécialistes du traitement de la douleur travaillant en milieu communautaire, et ces derniers peuvent formuler des recommandations en ce qui concerne les soins de santé administrés en milieu carcéral, mais de telles occasions ne se présentent pas nécessairement en temps opportun, ou de façon uniforme. Des exceptions au formulaire peuvent à l’occasion être accordées, mais il s’agit d’un processus incertain sans aucune garantie. La politique de tolérance zéro régnant dans les prisons fédérales ne facilite en rien cette situation. Les détenus présentant une demande de médicaments psychoactifs pour traiter la douleur ou toute autre affection sont souvent considérés comme des « toxicophiles » et attirent donc les soupçons.

    Il convient de souligner que certains groupes sont plus susceptibles de se faire prescrire ou de prendre des médicaments psychotropes (le plus souvent sous la forme d’automédication) et sont donc touchés de façon disproportionnée par l’absence d’accès aux médicaments en temps opportun. Ces groupes incluent : les détenus atteints de problèmes de santé mentale et ceux souffrant de traumatismes psychologiques; les femmes prisonnières, plus particulièrement celles issues de milieu autochtone; les détenus éprouvant une douleur physique chronique, y compris les personnes atteintes de VIH qui souffrent de neuropathie périphérique douloureuse, ainsi que les prisonniers âgés ou vieillissants. Le Bureau de l’Enquêteur correctionnel reconnait depuis longtemps le besoin de mieux répondre aux besoins des prisonniers en matière de santé physique et mentale, y compris l’accès aux médicaments et a récemment indiqué que 63% des femmes détenues dans les prisons fédérales reçoivent des médicament psychotropes pour traiter les symptômes de maladie mentale.

    Pour garantir l’accès des détenus aux « soins de santé essentiels » auxquels ils ont droit, ceux et celles d’entre nous qui sommes chercheurs, prestataires de services et défenseurs des soins de santé en milieu carcéral devons poursuivre cette question. Si nous voulons une société juste et humaine qui prend en considération la santé et le bien-être des détenus, il est nécessaire d’approfondir nos connaissances au sujet de l’accès aux médicaments en milieu carcéral.

  • Le contexte entourant l’application des lois antidrogues dans les prisons fédérales canadiennes

    Le contexte entourant l’application des lois antidrogues dans les prisons fédérales canadiennes

    Voici le premier d’une série de trois articles consacrés à l’importance d’envisager une réforme des politiques et programmes en vigueur dans les prisons canadiennes.

    Au cours des dernières années, le Service Correctionnel du Canada (SCC) a intensifié ses efforts visant à empêcher l’introduction de drogues dans les prisons. Néanmoins, la priorité accordée à la détection des drogues et à l’application des lois antidrogues en milieu carcéral semble être à l’origine de plusieurs problèmes.

    Pour certains, une peine d’emprisonnement constitue en effet une chance de se « désintoxiquer ».  Cependant, l’idée qu’une prison offre un endroit sûr et libre de drogues pour tous est fondée sur des hypothèses erronées au sujet de la réduction de la demande et de l’offre de stupéfiants en milieu carcéral. Dans le cadre de mes recherches, j’ai découvert qu’en dépit d’un financement considérable et de l’application accrue de lois antidrogues dans les prisons, l’objectif de non-circulation de la drogue dans les prisons est encore loin de pouvoir se réaliser au Canada.

    En 2007, le SCC a mis en oeuvre son Programme de transformation qui inclut, dans le cadre de ses cinq domaines d’action prioritaire, « l’élimination des drogues en milieu carcéral ». L’année suivante, le système carcéral fédéral a bénéficié d’un investissement de120 millions de dollars échelonné sur cinq anspour intensifier sa stratégie antidrogues . Ce financement visait à améliorer les outils permettant de détecter, perturber et dissuader la consommation de drogues dans les prisons, tels que les tests de dépistage aléatoires de drogues dans l’urine, les agents de renseignement de sécurité, les chiens détecteurs de drogues et les scanneurs ioniques. Il s’agit là d’une trousse d’outils énorme et coûteuse, et nous ne disposons toujours pas de preuves certaines de son efficacité.

    Les avis demeurent partagés sur l’application des lois antidrogues et leur incidence en milieu carcéral. Certains observateurs bien renseignés, tels que les anciens agents correctionnels et les employés d’organismes communautaires offrant un soutien aux prisonniers, déclarent que le renforcement des mesures d’application des lois antidrogues a non seulement échoué à empêcher l’introduction de drogues dans les prisons, mais contribue au contraire à aggraver la situation. Les problèmes liés aux mesures d’application incluent les individus qui changent le type de drogue qu’ils consomment (qui passent p. ex. du cannabis aux opiacés) pour éviter d’être repérés, une recrudescence des comportements à risque, des tensions accrues, la violence liée au commerce de la drogue et une baisse du nombre de visiteurs.

    Les conséquences peuvent être immédiates ou se prolonger bien au delà de la peine d’emprisonnement. Par exemple, lorsque les prisonniers qui s’injectent des drogues partagent leurs aiguilles, ils risquent de contracter le VIH et l’hépatite C . Lorsque les familles, les amis, et les bénévoles se sentent marginalisés et accablés par des mesures de sécurité envahissantes, oulorsqu’on leur refuse l’accès en raison de renseignement potentiellement inexacts, ils visitent moins souvent, ou cessent tout simplement de visiter. Ceci affaiblit les rapports essentiels à la réinsertion fructueuse des détenus au moment de leur libération.

    Ces problèmes sont souvent réinterprétés ou rejetés par le SCC. Le SCC souligne plutôt l’augmentation du nombre de saisies de drogue et le nombre réduit de tests d’urine positifs et de refus, pour indiquer que les mesures d’application de la loi fonctionnent. Les visiteurs qui tournent le dos aux portes des prisons sont présentés comme éléments probants de l’efficacité des mesures visant à dissuader les détenteurs de stupéfiants. Bref, ces questions demeurent controversées. Mais il importe de souligner que le SCC, ainsi que les autres autorités pénitentiaires, ont tendance à blâmer les détenus et les visiteurs pour tous les problèmes liés à la drogue, sans égard à l’incidence de leur politique à tolérance zéro et à son application.

    Cette approche focalisée qui exclut les informations et les perspective divergentes rend difficile la tâche de réformer les approches et les pratiques courantes. Il y a quelques années, le Comité parlementaire permanent de la sécurité publique et nationale  a rassemblé un groupe varié d’intervenants et d’experts bien informés, dont des représentants du SCC, pour étudier le« problème accablant » des drogues et de l’alcool en milieu carcéral. Les témoins ont exprimé des « points de vue très divergents au sujet des politiques et des mesures prises par le SCC ». Certains ont même témoigné que l’application des lois antidrogues n’a pas réussi à éliminer les stupéfiants du milieu carcéral et contribue à compromettre la santé et la sûreté des détenus, du personnel pénitentiaire et des collectivités. En dépit de tout cela, le rapport final recommandait un investissement continu dans le renforcement des mesures d’application des lois antidrogues et s’obstinait à défendre son engagement envers « l’établissement de prisons sans drogues ». Autrement dit, il ne s’écartait pas du Programme de transformation. Les Canadiens devraient porter un regard critique sur de tels rapports et demander quels changements ont réellement été apportés.

    Le SCC administre un grand nombre de détenus dans des prisons implantées d’un bout à l’autre du Canada. Bien que nous préconisions une réforme des politiques sur les drogues hors du milieu carcéral, nous ne devons pas oublier les politiques et les programmes qui affectent les consommateurs de drogues purgeant une peine de ressort fédéral (y compris le nombre disproportionné de personnes autochtones). Une évaluation complète et bien conçue des mesures d’application des lois antidrogues en milieu carcéral se fait attendre depuis beaucoup trop longtemps. Et compte tenu de la consommation continue de drogues dans les prisons canadiennes, une évaluation réaliste des programmes appropriés de réduction des méfaits, tels que l’éducation à la consommation de drogues plus sécuritaire et les programmes de distribution de seringues, devraient également être une priorité.

  • Assurer la sûreté des festivaliers en adoptant des stratégies de réduction des méfaits

    Assurer la sûreté des festivaliers en adoptant des stratégies de réduction des méfaits

    L’approche de l’hiver évoque en moi des souvenir de la saison estivale.  Comme bon nombre de jeunes Canadiens, j’ai passé un été rempli d’aventures, de randonnées pédestres et de camping, d’un bout à l’autre de la province, tirant profit de la plus grande liberté que nous apporte le beau temps. J’ai eu la chance d’assister à plusieurs festivals de musique cet été. J’adore les festivals. Passer une fin de semaine loin de chez soi à écouter de la bonne musique, à faire du camping avec les copains et à danser toute la nuit sous les étoiles… la magie et la féérie du milieu des festivals attire une multitude de participants à chaque année.

    Et pourtant, ces festivals ont un côté plus sombre. Les drogues « récréatives » telles que l’ecstasy, la kétamine et la cocaïne se retrouvent fréquemment dans les festivals de musique et la consommation non réglementée de telles drogues peut entraîner de graves conséquences. Cet été au Canada, près de 80 personnes ont été admises dans des hôpitaux suite à des incidents impliquant des drogues consommées lors de festivals. Deux de ces personnes ont perdu la vie. Elles étaient âgées de 20 et 22 ans, respectivement. Malheureusement, de tels scénarios ne sont pas rares. Chaque année, des jeunes participent à des festivals, et chaque année, certains y perdent la vie. Le Centre Canadien de lutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies signale que la majorité des consommateurs d’ecstasy sont âgés de 15 à 24 ans. Il ne s’agit pas de dangereux criminels. Annie Trong-Le, décédée à l’âge de 20 ans d’une surdose de drogues récréatives, était étudiante en sciences politiques à l’Université York et offrait régulièrement ses services à sa communauté à titre de bénévole. Ces jeunes normaux proviennent de familles normales. Que se passe-t-il donc?

    Les festivals de musique connaissent une popularité grandissante. Shambhala, un festival de musique électronique qui se tient à Salmo, en Colombie-Britannique, a limité la participantion au festival à 10 000 personnes, ce qui multiplie par dix le niveau de participation au festival depuis sa création en 1998. Le festival de musique de Squamish Valley a attiré près de 10 000 spectateurs cette année. Le festival de music Basscoast, qui se tenait auparavant à Squamish, a élargi ses activité, limité le nombre de participants et s’est déplacé vers Merritt, en Colombie-Britannique.

    Cette augmentation est en partie attribuable à l’énorme hausse de popularité de la musique de danse électronique au cours des dernières années. Selon l’International Music Summer Consumer report de 2012, l’industrie de la musique de danse électronique, qui se chiffre actuellement à 6,4 milliards de dollars, est le genre musical connaissant la croissance la plus rapide aux États-Unis. Le même phénomène est observable au Canada. Les festivals qui attiraient à l’époque des artistes rock importants attirent aujourd’hui des DJ au succès phénoménal, dont Skrillex et Deadmau5.

    Indissociable de la scène musicale électronique est le MDMA, également connu sous le nom d’ecstasy ou de « molly ». Le MDMA est omniprésent dans la culture populaire. Miley Cyrus, dans un de ses «hits », chante : « We Can’t Stop», «la-di-da-da-d/We like to party/Dancing with molly/Doin’ whatever we want ». Madonna nous en a mis plein la vue cette année lorsqu’elle a impunément intitulé son nouvel album « MDNA » et demandé à ses spectateurs « Où est donc passée molly »? Ayant moi-même assisté à trois festivals cet été, il m’était impossible d’ignorer la consommation de MDMA, nettement à la hausse. Les pistes de danse des festivals, jadis jonchés de gobelets de bière, sont désormais peuplés de jeunes vêtus de couleurs fluo, qui se gavent de pilules. Avec la popularité croissante de la musique de danse électronique, la culture rave est de nouveau en plein essor, et malgré le manque général de données recueillies, il me parait évident que la consommation de MDMA et de drogues récréatives est à la hausse.

    Ironiquement, le problème n’est pas que les jeunes consomment du MDMA, mais bien que ce qu’ils consomment n’est PAS du MDMA. Sous forme pure et non contaminée, le MDMA augmente la production du neurotransmetteur sérotonine dans le cerveau, ce qui crée un sentiment d’extase, de confiance et de rapprochement et, bien que fortement disputées, les données factuelles donnent à penser qu’il est peu probable que les effets du MDMA pur puissent entraîner la mort (certains laboratoires étudient même le potentiel thérapeutique du MDMA). Le problème est que le MDMA, généralement disponible sous forme de gélule ou de comprimé, est souvent imprégné de substances plus dangereuses, telles que les amphétamines, la cocaïne ou d’autres dérivés dangereux du MDMA, tels que la PMMA. Ces substances, plus particulièrement lorsqu’ingérées à l’insu du consommateur, peuvent provoquer des crises cardiaques, de l’hyperthermie et des convulsions, parmi d’autres symptômes possibles. La plupart des surdoses mortelles de drogues récréatives impliquent en fait des consommateurs ayant ingéré à leur insu des substances dangereuses qui leur étaient inconnues.

    Il est impossible pour la plupart des consommateurs de drogues récréatives de savoir exactement ce qu’ils consomment. Même après avoir consommé plusieurs fois avec succès des drogues récréatives, une seule dose de drogue contaminée peut provoquer une mort subite et imprévue. Maintenir une ferme approche « anti-drogues » n’empêchera pas les jeunes de consommer des drogues. Et il est tout simplement inacceptable que la mort fasse partie intégrante du milieu des festivals. Nous devons trouver des alternatives plus sûres pour les consommateurs de drogues. Sinon, la situation ne fera que s’aggraver.

    Certains organismes ont déjà commencé à prendre le contrôle. Au festival Shambhala, l’AIDS Network Kootenay Outreach and Support Society (ANKORS, ou le réseau de soutien et de sensibilisation au SIDA de la région Kootenay) a installé un kiosque gratuit de dépistage des drogues inconnues (Et ça fonctionne! Consultez les statistiques ci-dessous). Le Trip Project de Toronto et Dance Safe de San Francisco informent, sensibilisent et exercent des activités de dépistage de drogues auprès des festivaliers adeptes de musiques de danse électronique, pour leur permettre d’accroître leur sûreté et d’approfondir leurs connaissances en matière de drogues. Plusieurs festivals offrent des « espaces de recueillement » où les consommateurs de drogues qui se sentent dépassés ou mal à l’aise peuvent se reposer dans un environnement non critique où travaillent des professionnels des soins d’urgence. Bien que la plupart des festivals déclarent clairement qu’ils ne favorisent pas la consommation de drogues, ils indiquent clairement où trouver de l’aide en cas de besoin. Les programmes de réduction des méfaits surgissent un peu partout dans le milieu des fêtes branchées.

    Mêmes les petites avancées en faveur de la réduction des méfaits peuvent apporter de grands changements. Un meilleur accès aux trousses de dépistages dans les festivals et les fêtes branchées doit devenir la norme. L’Université de l’Alberta travaille déjà à l’élaboration de trousses de dépistage rapide, conçues pour aider les autorités à contrôler la composition des drogues de rue. Des tests améliorés de dépistage de drogues pourraient aider à éliminer les trafiquants de drogues malhonnêtes qui ajoutent des substances dangereuses à leurs produits, ce qui permettrait d’accroître la sûreté des consommateurs. De même, une meilleure éducation à la consommation de drogues, dispensée au foyer et à l’école par des adultes en qui les jeunes ont confiance, peut aider les jeunes à faire des choix plus sûrs.

    En vérité, le monde des fêtes branchées est en plein changement. Les jeunes perdent la vie. L’heure est venue de songer à leur sécurité.

    *****

    Ankors établit des statistiques à chaque année, fondées sur les résultats de leurs activités de dépistage de drogues recueillis lors du festival de musique Shambhala. Les statistiques suivantes ont été recueillies au cours du festival de 2013.

    Nombre total de tests de dépistage : 2 254
    Nombre de drogues éliminées après le test : 155 (6,8%)
    Nombre de tests effectués sur des comprimés de MDMA ayant révélé la présence de MDMA : 1 302
    Nombre de tests effectués sur des comprimés de MDMA n’ayant pas révélé la présence de MDMA : 339
    Taux d’échec des comprimés de MDMA : 21%
    Échantillons de kétamine ayant révélé la présence de kétamine : 158
    Échantillons de kétamine n’ayant pas révélé la présence de kétamine : 63
    Taux d’échec des échantillons de kétamine : 29%
    Substances étrangères : 91
    PMMA : 77

    Source: Alexandra Pozadzki, Globe and Mail

  • To ticket or not to ticket – Conservatives take a tiny step on cannabis

    To ticket or not to ticket – Conservatives take a tiny step on cannabis

    For a split second, the door to drug policy reform in Canada opened ever so slightly. But then Justice Minister Peter MacKay was quick to slam it shut: “We’re not talking about decriminalization or legalization.”

    On March 5th, MacKay announced that the federal government is looking at changes to the Controlled Drugs and Substances Act that would make it possible for police to issues tickets for possession of small amounts of cannabis.

    The announcement follows last summer’s resolution from the Canadian Association of Chiefs of Police asking the federal government to consider ticketing options. But it also follows Justin Trudeau’s considerably bolder endorsement of cannabis legalization. So I can’t help but wonder if this is a move to stem the Liberals’ rise in the polls.

    MacKay’s proposal would allow police to issue tickets to people possessing less than 3 grams of cannabis. It’s a positive move in one way, because it means these cases will no longer be sent to criminal court. So otherwise law-abiding citizens will not be burdened with a record of criminal conviction, which can have serious implications for travel and employment.

    But it also comes with the potential of a significant downside. In Australia, for example, similar measures resulted in a “net-widening” effect. That is, because it was easier for police to process minor cannabis offences, individual officers shifted away from using case-by-case discretion in giving informal cautions, to a process of formally recording all minor offences. The result was a significant increase in formal infractions, but no change in the pattern of cannabis use.

    Still even if we assume MacKay’s changes hold promise, we need to be clear that these modest steps are not the endgame to a much needed overhaul to drug laws in this country – especially considering that jurisdictions bordering Canada are moving toward legalization. Is this is best Canada can do given the momentous changes taking place around the world?

    Critics of legalization take pains to point out that cannabis can harm the health of its users. Of course it can! So can alcohol, but the lesson of alcohol prohibition is that an underground market is an unsafe market. The purpose of a legally regulated cannabis market is to ensure that we use the painful mistakes of alcohol and tobacco regulation to create the best possible approach to cannabis. Regulation rather than prohibition will make this substance safer, control its production and distribution, and ensure that at least some of the profits go to the public coffers.

    The other problem with cannabis prohibition is that the effects of drug laws are inequitably applied to poor and Indigenous Canadians. And prohibition doesn’t keep cannabis out of the hands of kids. As Unicef’s 2013 report on the well-being of children in rich countries reveals, Canadian youth use the most marijuana compared to our economic counterparts around the world. Yet they use the third least amount of tobacco. What accounts for this second stat? A solid, legally regulated market that relies on stringent controls and education about the harms of tobacco.

    It’s great that MacKay has taken a first step, but we need to keep moving toward a saner, safer approach to cannabis use. The CDPC is committed to talking with Canadians about the possibilities of cannabis regulation. To that end, in the coming months we’ll unveil proposals to help to build a regulatory framework that takes into consideration what we’ve learned from public health approaches to alcohol and tobacco. Canada can do better.

  • Measuring lives saved: the facts about safer consumption services

    Measuring lives saved: the facts about safer consumption services

    This post first appeared in the Centre for Addictions Research of BC’s blog Matters of Substance.

    Despite the pragmatic nature of harm reduction programs, and their demonstrated ability to save lives, controversy still dogs efforts to scale-up harm reduction. One of the most misunderstood and controversial initiatives are safer consumption services (SCS).

    In the last 20 years, SCS services (sometimes also known as safer injection services (SIS) have been integrated into drug treatment and harm reduction programs in Western Europe, Australia, and Canada. The focus of these services is facilitating people to safely consume pre-obtained drugs with sterile equipment. These services can be offered using a number of models including under the supervision of health professionals or as autonomous services operated by groups of people who use drugs.

    The objectives of SCS include preventing the transmission of blood-borne infections such as HIV and hepatitis C; improving access to health care services for the most marginalized groups of people who use drugs; improving basic health and well-being; contributing to the safety and quality of communities; and reducing the impact of open drug scenes on communities.

    Safer consumption services grew out of the recognition that low-threshold, easily accessible programs to reduce the incidence of blood-borne pathogens were effective and cost-effective. This was the conclusion of over 30 research studies on Vancouver’s own supervised injection site known as Insite.

    Research has found that SIS services:

    • are actively used by people who inject drugs including people at higher risk of harm;
    • reduce overdose deaths — no deaths have occurred at Insite since its inception;
    • reduce behaviours such as the use of shared needles which can lead to HIV and Hep C infection;
    • reduce other unsafe injection practices and encourage the use of sterile swabs, water and safe needle disposal. Users of these services are more likely to report changes to their injecting practices such as less rushed injecting;
    • increase the use of detox and other treatment services. For example, the opening of Insite in Vancouver was associated with a 30% increase in the use of detoxification services and in Sydney, Australia, more than 9500 referrals to health and social services have been made since the service opened, half of which were for addiction treatment;
    • are cost-effective. Insite prevents 35 new cases of HIV and 3 deaths a year providing a societal benefit of approximately $6 million per year. Research estimates that in Sydney, Australia, only 0.8 of a life per year would need to be saved for the service to be cost-neutral;
    • reduce public drug use; and reduce the amount of publically discarded injection equipment; and
    • do not cause an increase in crime.

    Professional groups such as the Canadian Medical Association, the Canadian Nurses Association, the Public Health Physicians of Canada, the Registered Nurses Association of Ontario, and the Urban Public Health Network have expressed their support for SCS.

    Clearly it’s time to move beyond controversy and get on with creating more of these life-saving programs.

  • Cannabis regulation is by no means a simple matter, but it can be done

    Cannabis regulation is by no means a simple matter, but it can be done

    At the Canadian Drug Policy Coalition (CDPC) one of things we’ve noticed is that any blog we publish on cannabis regulation attracts more attention than any other topic. This is because there’s widespread interest in any discussion of changes to the laws that govern cannabis. Unfortunately when it comes to the nuts and bolts of cannabis regulation – in other words – the how of regulation, interest tends to drop off. This is because regulation is actually rather tedious. This claim is borne out by the length of the proposed regulations for legal recreational cannabis markets in the U.S. states of Washington and Colorado. That’s why I’m going to make a special plea to you our dear readers to stay with me as I say a few words about what regulation might actually entail.

    ucurveI think it’s fair to suggest that the CDPC favours a model of regulation that draws on the best evidence from public health regulation of alcohol and tobacco. But when it comes to cannabis regulation the devil really is in the details.

    There’s no magic bullet that will make all the current problems with cannabis prohibition disappear. But thanks to the Health Officer’s Council of BC, some of the heavy lifting when it comes to creating models for drug regulation has been done. If you’re curious, check out their 2011 report. As you can see from the diagram drawn from their 2011 report, regulations for cannabis should not be so loose that they create a free and unregulated market for cannabis; nor should regulations be so overly restrictive that we end up reproducing the negative aspects of the current underground economy (control by organized crime, etc.).

    At the same time we need to be clear about the goals we hope to achieve with a legal regulated market for cannabis. Ideally our regulations will help protect and improve public health, reduce drug related crime, protect the young and vulnerable, protect human rights and provide good value for money. So what are some of the things we’ll need to consider? How about we start with the basics.

    Presumably legalization would entail the removal of cannabis from Schedule 2 of the federal Controlled Drugs and Substances Act, followed by its inclusion in the Food and Drug Act. It seems like the next logical thing to do would be to then turn over the regulation of cannabis to the provinces, in the same way that alcohol is currently regulated. We would want to ensure that there is at least some consistency across the provinces so that means somebody at the federal level will have to oversee the regulations as they emerge. That’s the easy part because legalization would ALSO entail consideration of at least the following issues: production, product, packaging, vendor and outlet controls, marketing controls, creation of a system of regulators and inspectors as well as on-going research and monitoring.

    For this blog post, I want to focus on production and product controls. Future blogs may consider the other items on the already long list noted above. My comments are phrased as questions to stimulate discussion of regulation rather than to propose firm rules for how a legal recreational cannabis market might operate.

    IMG_2567In Canada, marijuana is currently produced in one of two ways – under existing legal medical marijuana guidelines or in illegal circumstances. Growing marijuana takes places in a vast array of situations ranging from a few plants grown for personal use all the way to large-scale industrial size operations with 100’s of plants.

    Thus regulating the growth of marijuana for a legal recreational market will not be simple. Many people are very attached to their small-scale gardens and it would be difficult to impossible (as well as undesirable) to eliminate growing marijuana for personal use. At the same time it’s important not to turn the whole thing over to heavily capitalized large scale commercial producers whose main motivation is profit, especially since the range of available strains of marijuana has been the result of innovation by many small-scale growers. Thus, we need to ensure that the best practices in indoor, outdoor, personal, commercial production are preserved while ensuring that cannabis is produced in safe and clean facilities. We will also need to decide who is the appropriate authority for regulating growing operations: municipalities or provinces or some combination of both. Neither seem overly keen on this role so they will require some convincing.

    Okay, if your head doesn’t hurt yet lets turn our attention to product controls. Product controls include issues like price, age limits, potency, permissible preparations (edibles, tinctures, etc.), quality control, and labeling and packaging requirements. Price is a key issue when it comes to meeting public health goals. Price can help shape sales and thus use of cannabis, so we want to ensure that pricing reflects what we’ve learned from alcohol – namely that alcohol consumption is sensitive to price and that price must in some way be related to potency. Related to price is taxation – at what point in the chain from seed to sale will cannabis be taxed and at what rate? And what preparations will cannabis regulations allow; plant materials, tinctures and oils, edibles? Right now Canada’s medical marijuana access program only allows for the distribution of plant material. Clearly this is a very limited approach given that the medical cannabis dispensaries have created a range of edible and other products that eliminate the necessity of smoking cannabis. We will also need to decide where we stand on potency: in other words will we put limits on how potent products can be, and given that there are over 100 cannabinoids, how will we decide which ones we want to measure and regulate.

    Okay so I haven’t covered other essential issues like vendor controls, marketing and evaluation and monitoring but I think you get the picture. Regulation is by no means a simple matter, but it can be done. In fact, experience from legal recreational markets in Washington and Colorado will provide valuable insights that can inform Canada’s approach. And regulation has the potential to create conditions where cannabis production and use is a whole lot safer than the current approach – prohibition.

     

  • Did You Know that Marijuana is Illegal in Canada?

    Did You Know that Marijuana is Illegal in Canada?

    The idea that marijuana is legal in this country is one of the persistent myths about this substance. In fact, marijuana is still illegal and is listed in Schedule 2 of the federal Controlled Drugs and Substances Act. This means that unless you have authorization to use medical marijuana, you cannot possess, sell or produce marijuana without risking a criminal penalty.  In fact, under 2012 revisions to the law, you could receive a mandatory minimum prison sentence for growing just six plants if any of a number of “aggravating factors” are present (such as being near a school or having children at the same place as the plants).

    Another persistent myth is that police don’t bother to enforce cannabis laws especially possession. It’s true that some police forces have de-prioritized enforcement of possession, but certainly not all.

    According to Statistics Canada, in 2012, there were 57,429 police reported incidents of cannabis possession. This number represents police resources that could be better spent elsewhere and this number also represents a ridiculous incursion on the civil liberties of far too many Canadians.

    Prohibition of cannabis seems even more regressive when we consider that legal recreational marijuana will soon be available in the U.S. states of Colorado and Washington. In the aftermath of successful 2012 ballot initiative campaigns, both states have released draft regulations to govern the production and sale of recreational cannabis. Changes in these U.S. states were a hot topic at the recent International Drug Policy Reform conference in Denver where speakers from Colorado and Washington outlined the rules for “tightly controlled” markets for recreational cannabis.

    Both models of regulation draw on experience with regulating alcohol, although regulations for recreational cannabis will be far more stringent. Both states require numerous controls including age limits, packaging information, and closely controlled documenting of wholesale and retail sales of cannabis to recreational users. Some of the proceeds of taxation will be directed to public health and educational goals.

    In Colorado the legalization of cannabis builds on a successful model of medical cannabis developed in that state over a number of years. In fact, during the three-day conference I had an opportunity to visit two medical cannabis dispensaries and an industrial size cannabis garden. Good Medicine and River Rock Medical Cannabis are just two of the companies in Denver that offer patients an array of medical cannabis products ranging from raw plant materials, to oils, and edibles in a myriad of forms. Lessons learned from these operations will be transferred to recreational cannabis when it becomes available for sale on January 1, 2014.

    What’s remarkable about the changes taking place in these two states is that they employ full legal regulation, not the models of decriminalization already in operation in other parts of the world. Decriminalization involves reducing or eliminating penalties for possession while still keeping production and sales illegal. Though an important step in the right direction, decriminalization still leaves cannabis in an unregulated market of producers and sellers.

    It was clear from visiting the two medical cannabis dispensaries that legalization makes this substance available in a variety of well-labeled forms and gives consumers the option to choose organic products. Security cameras that feed back to state regulators in real-time, monitor the dispensaries and the gardens. The people working in these operations are clearly knowledgeable and professional in the care they take with their products and their customers. Not only does this model work for consumers, but it also provides badly needed jobs.

    The scientific evidence suggests that cannabis has a smaller public health impact than alcohol. It seems that the real crime is staying a course that actually makes us less safe and less healthy because right now, marijuana is only available in Canada in an unregulated market. So what’s holding us back in this country? Maybe it’s that drugs are still politically expedient and some politicians don’t seem to have any qualms about using fears about drugs to get votes. At the Canadian Drug Policy Coalition we think it’s time for change and it’s time to challenge regressive and uninformed policies on cannabis. What do you think?

     

  • Lifesaving Heroin Assisted Treatment Dealt Serious Blow

    Lifesaving Heroin Assisted Treatment Dealt Serious Blow

    By Connie Carter and Susan Boyd

    On October 3, 2013, federal Health Minister Rona Ambrose announced new regulations that became effective immediately to prevent Health Canada’s Special Access Programme from approving the use of prescribed diacetylmorphine* as a treatment for addiction for a small number of patients finishing the clinical trial SALOME, in Vancouver, BC. Health Canada’s Special Access Programme (SAP) allows practitioners to request access to drugs that are unavailable for sale in Canada.

    Ambrose’s comments at the October 3rd press conference misrepresented the extensive evidence supporting heroin-assisted treatment (HAT). She claimed HAT is unsafe and expensive and not in keeping with her government’s National Anti-Drug Strategy.  Her comments reflected the Harper government’s refusal to acknowledge the eight peer-reviewed research HAT trials worldwide that have found it to be a beneficial, safe, and cost-effective approach for patients where methadone and other conventional treatments have not worked.

    Ambrose promoted the virtues of abstinence-based drug treatment failing to mention that Canada’s system of treatment programs is a patchwork of private and public providers. As the CDPC’s report on Canadian drug policy found, private treatment programs are expensive, and in the absence of national accreditation standards, these programs can vary in quality. Abstinence based treatment is also ineffective for many people with long-wait times for publicly-funded services.

    Ambrose’s press conference included supporters who were called upon to back the federal government’s position. One speaker, Marshall Smith, a former political staffer with the BC Liberal Government, described his own struggles with drugs including crystal meth, and his recovery through abstinence-based treatment. Smith currently works for Cedars at Cobble Hill, a privately run drug treatment facility on Vancouver Island. Smith comes from a self-admitted well-to-do family, who can afford private treatment facilities that can cost upwards of $10,000 a month. Every person’s story of recovery and change is important, but with all due respect to Mr. Smith, it’s vital that no one person’s story stand in for the range of experiences with substance use.

    Comments at the press conference reflected a narrow view of recovery from substance dependency and assumed that all people will benefit from conventional drug treatment approaches. In a turn about from previous calls for abstinence-only drug treatment, speakers’ called for expanded opiate-substitution programs like methadone. But HAT is only offered to patients who have failed repeatedly with methadone and abstinence-based programs.

    Ambrose called Health Canada’s recent decision to approve the use of diacetylmorphine for 20 patients a “loophole” in the Special Access Program regulations. But the Special Access Program is supposed to provide patients with serious or life-threatening conditions, access to drugs on a compassionate or emergency basis and especially when conventional therapies have failed. Under these conditions, many of the seriously ill patients who enter HAT would certainly qualify for access.

    No one knows better the concerns of patients in these research trials than SNAP, an independent Vancouver based group comprised of former and current members of Vancouver based HAT research trials (former NPA). SNAP advocates for human rights and access to appropriate health care for its members and has been working since January 2011 to establish permanent HAT programs. SNAP members also have first hand experience with the use of diacetylmorphine. Their experiences confirm the findings of other research studies that this drug is a proven safe and effective treatment for opiate dependency. Patients’ physical and psychological health improved, accompanied by decreased criminal activity and illegal drug use. Given the positive results from studies around the world and here in Canada, the federal government’s refusal to recognize the best treatment for this small groups of patients is an egregious violation of their rights to access to health care.

    * Diacetylmorphine is the active ingredient in heroin. It is pharmaceutical-grade product manufactured by a company outside Canada. For the purposes of research trials, it is purchased and imported with permission of the Government of Canada.