Le traitement avec prescription d’héroïne (TPH) est une innovation qui engage les consommateurs d’héroïne de longue date dans un traitement qui comprend la fourniture d’héroïne de qualité pharmaceutique (diacétylmorphine) ainsi que d’autres interventions qui les aident à améliorer leurs résultats en matière de santé.

Des programmes de TPH ont été conçus et mis à l’essai initialement en Suisse, dans les années 1990, en tant que composante de la réponse globale mise au point par le pays pour faire face à une épidémie dévastatrice d’usage de drogues par injection, de VIH et de surdoses chez les consommateurs de drogues. De pair avec des innovations telles que les programmes de méthadone à seuil bas, les sites d’injection supervisée, les refuges pour personnes vivant dans la rue et un éventail de programmes médicaux et de santé, le traitement de prescription d’héroïne joue un rôle important pour diriger les usagers de longue date vers des programmes de traitement et d’autres programmes sociaux. Les résultats des programmes suisses de TPH ont été positifs et l’approche a été reproduite dans d’autres pays, notamment en Allemagne, aux Pays-Bas, en Espagne, au Danemark et au Canada.

L’expérience canadienne est semblable à celle des programmes suisses, mais le Canada n’a pas encore mis en place un programme de TPH entièrement financé. Au Canada, l’essai clinique NAOMI (Initiative nord-américaine pour les médicaments opiacés) a débuté à Vancouver et à Montréal, entre 2005 et 2008. L’essai NAOMI a donné des résultats semblables à ceux des programmes suisses, en ce sens que les participants recevant de l’héroïne ont obtenu des résultats positifs significatifs. Notamment:

  • Des taux élevés de rétention dans le programme de traitement.
  • Une chute de 70 % du taux de consommation d’héroïne illégale.
  • Une baisse de moitié de la proportion de participants impliqués dans des activités illégales (ce taux est passé de plus de 70 % à 36 %).
  • Une diminution considérable des activités illicites des participants et une baisse des sommes dépensées mensuellement pour des drogues illicites.
  • Des améliorations notables de l’état de santé et de la santé des participants.

L’essai NAOMI a pris fin en 2008 et le nouveau gouvernement conservateur (élu en 2005) n’était pas favorable à la poursuite de l’expérience de TPH comme programme de traitement. Santé Canada n’a pas permis de continuer à traiter les patients qui avaient connu de bons résultats dans l’essai NAOMI et les participants ont dû choisir entre un traitement à la méthadone et un programme de traitement fondé sur l’abstinence.

Un nouveau projet de recherche a été mis au point, l’étude d’évaluation de l’efficacité des médicaments opioïdes à long terme (SALOME), qui a commencé à recruter des participants en 2011 dans le but de comparer la diacétylmorphine, l’ingrédient actif de l’héroïne, et l’hydromorphone (HDM), un médicament antidouleur légal et homologué. Cette recherche est en cours.

En mai 2015, la Cour suprême de la Colombie-Britannique a tranché que les patients ayant terminé le protocole de traitement d’un an et qui tiraient des bienfaits de l’héroïne reçue pourraient continuer de recevoir ce traitement hors du cadre de la recherche. Ce jugement a résulté d’une contestation constitutionnelle d’une réglementation fédérale empêchant les médecins de prescrire un traitement assisté à l’héroïne à leurs patients. L’affaire en justice a été lancée par Providence Health Care en partenariat avec la Pivot Legal Society qui représente cinq des participants à SALOME.

Dans les faits, le traitement avec prescription d’héroïne est en cours à Vancouver mais il se trouve dans une situation précaire, avec une contestation judiciaire en instance. Des programmes de traitement à l’héroïne existent en Suisse, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Danemark, en Espagne et au Royaume-Uni. En 2012, environ 2 400 personnes étaient inscrites à des programmes de traitement de prescription d’héroïne, dans l’Union européenne et en Suisse; ce traitement a été intégré à la gamme d’options de traitement disponibles pour les consommateurs d’héroïne n’ayant pas rencontré de succès avec les autres modalités de traitement à leur disposition.

Compte tenu de l’abondance de preuves qui a émergé depuis 20 ans, la Coalition canadienne des politiques sur les drogues est résolument favorable à la mise en œuvre de programmes de prescription d’héroïne là où ils sont nécessaires au Canada.

Pour plus d’informations sur le traitement de prescription d’héroïne:

  • Pour un aperçu du traitement de prescription d’héroïne en Europe, voir la publication de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies. New Heroin-Assisted Treatment, 2012.
  • Pour plus d’informations sur la contestation constitutionnelle, voir le blogue de la Pivot Legal Society intitulé The HAT Injuction: What Does it Mean?
  • Des informations sur l’étude d’évaluation de l’efficacité des médicaments à base d’opioïdes à long terme (SALOME) sont disponibles sur le site Web de Providence Health Care.
  • Des informations sur l’Initiative nord-américaine pour les médicaments opiacés sont disponibles ici.