INTÉRÊT GRANDISSANT À L’INTERNATIONAL POUR L’ANALYSE DE SUBSTANCES : POINTS FORTS DE HR17

Avec une attention internationale grandissante sur les impacts et le grand potentiel des services d’analyse de substances, un certain nombre d’évènements à la conférence de HR17 ont présenté des résultats de recherche ainsi que l’expérience sur le terrain de cette pratique novatrice de réduction des méfaits.

Pour la première fois de son histoire, la 25e Conférence internationale sur la réduction des méfaits (HR17) tenue à Montréal, au Canada, a donné une place importante à l’analyse de substances dans leur programmation. L’analyse de substances est une intervention de réduction des méfaits qui fournit aux personnes qui consomment des drogues de synthèse des informations sur la pureté, la puissance et la composition de celles-ci. La hausse de l’intérêt international pour la mise en place de services de l’analyse de substances a permis à plusieurs personnes d’assister à un atelier parallèle, un panel et une conférence de presse. Ceux-ci ont abordé les répercussions de l’analyse de substances sur la santé et le bien-être des personnes qui utilisent de la drogue dans divers milieux ainsi que les multiples comportements liés à l’usage de drogue. À l’occasion d’une conférence sur la réduction des méfaits dans le contexte d’une crise de surdose d’opioïdes, l’analyse de substances sous forme de bandes de tests de fentanyl était offerte sur place dans la salle médicale de la conférence.

Le 14 mai 2017 avant l’ouverture officielle de HR17, les membres d’un Groupe de travail national canadien sur l’analyse de substances ont organisé un « atelier sur les services d’analyse de substances ». Un évènement gratuit et ouvert à tous, l’atelier a été suivi par des intervenants locaux et internationaux venant d’une variété de disciplines. Certains ayant des connaissances très approfondies tandis que d’autres venaient pour apprendre davantage sur les principes fondamentaux de l’analyse de substances, les différents modèles d’évaluation de la recherche ainsi que de prestation de services actuellement utilisés dans le monde. Parmi les conférenciers figurent Helena Valente (Université de Porto, Portugal), Brun Gonzalez (Programa de Análisis de Sustancias, Mexico) et Mireia Ventura (Energy Control, Espagne). Les participants ont eu la chance d’avoir accès à différents points de vue des intervenants sur la raison d’être de l’analyse de substances, des méthodes efficaces réalisées sur le terrain et sur la façon de développer et de soutenir les programmes existants. Les intervenants ont convenu que l’analyse de substances offre beaucoup plus que les résultats des tests. Elle comprend l’éducation et le soutien concernant l’usage de drogues et rejoint surtout les personnes qui utilisent des drogues, mais n’interagissent pas avec les services de santé au sujet de leur consommation de drogue. Traditionnellement, la majorité des efforts de réduction des méfaits ont mis l’accent sur les personnes qui s’injectent des drogues. M. Gonzalez a qualifié l’analyse de substances comme étant essentiel au « spectre complet de la réduction des méfaits », une approche qui fournit des services appropriés à toutes les personnes qui consomment des substances psychoactives malgré où il se trouve dans leur trajectoire de consommation. Des preuves grandissantes suggèrent que la plupart des gens ont l’intention de changer leurs comportements si leurs résultats après une analyse de leurs drogues révèlent certains contenus inattendus ou inconnus qu’ils envisageaient de prendre (par exemple, ne pas prendre la substance, réduire leur dosage, ne pas l’utiliser seul, etc.). Mme Valente a souligné que, bien que les preuves empiriques indiquent que l’analyse de substances est une intervention utile, aller au-delà de la recherche sur l’intention du comportement constituera une étape importante dans l’établissement de données probantes pour soutenir l’extension de ces services. La Dre Ventura a souligné la valeur de l’analyse de substances dans le suivi des marchés de la drogue et permettrait aux décideurs et aux autorités sanitaires de disposer de données pour notamment répondre aux tendances dangereuses du terrain. De plus, elle note que son organisme, Energy Control, est responsable de la détection d’environ 65% des nouvelles substances psychoactives. Cette information est ensuite transmise à son gouvernement. Les participants ont quitté l’atelier dynamisés, ayant élargi leurs réseaux ainsi que leurs connaissances sur l’analyse de substances.

Un panel en simultané intitulé «Drug Checking: From Dance Clubs to the Dark Web» a continué la discussion sur l’analyse de substances le 15 mai 2017 et a permis aux délégués de la conférence d’apprendre encore plus sur les évaluations de projets novateurs sur l’analyse de substances. Le Dr Mark Lysyshyn a présenté un exemple venant de Vancouver, l’une des villes du Canada confrontées à une crise importante de surdose d’opioïdes. Ils ont offert aux personnes fréquentant le site d’injection supervisé (SIS) Insite des bandes de tests afin qu’ils puissent vérifier si leurs substances contenaient du fentanyl. Les recherches du Dr Lysyshyn ont révélé que le fait de proposer l’analyse de substances pour le fentanyl permettait aux clients d’utiliser les résultats afin de réduire les risques, par exemple, en réduisant leur dose qui diminuerait ainsi leur risque de surdose. Ceci suggère que l’analyse de substances pourrait être une intervention utile pour prévenir les décès par surdose dans les sites d’injection supervisés. Les présentateurs ont également participé à une conférence de presse plus tôt dans la journée où les journalistes ont eu la possibilité de poser des questions ciblées sur leur recherche sur l’analyse de substances. Julie-Soleil Meeson, membre du Groupe de travail national canadien sur l’analyse de substances, a également fait des remarques lors de la conférence de presse sur les efforts déployés partout au Canada pour mettre en œuvre des projets concrets d’analyse de substances.

Au-delà de la diffusion de l’information sur la recherche sur l’analyse de substances, HR17 était également un point de diffusion pour les bandes de tests de fentanyl, certains délégués de la conférence les ramenant à leurs organisations au Canada et à l’étranger. Bien qu’aucun résultat n’ait été recueilli durant la conférence, le bouche-à-oreille a indiqué qu’une quantité notable de résultats des bandes de tests était positive pour la présence de fentanyl.

Nous espérons que l’accent mis sur l’analyse de substances à HR17 a non seulement créé un espace pour apprendre et pour partager, mais a également inspiré la poursuite des efforts visant à créer des stratégies de réduction des méfaits qui répondent aux divers besoins des personnes qui utilisent des drogues.

Écrit par: Tara Marie Watson, Caleb Chepesiuk et Nazlee Maghsoudi et traduit par Julie-Soleil Meeson, tous membres du Groupe de travail national canadien sur l’analyse des substances.

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